Les symptômes

Avec le recul, les symptômes de maladie mentale commençaient déjà à s'installer avant la séparation.  Une fatigue excessive qui ne passait pas, des colères immenses, j'avais les idées embrouillées; tant de symptômes que je mettais sur le compte de la fatigue.  C'était vrai; j'étais fatiguée mais beaucoup plus que je le pensais. Pendant que j'étais avec le père de mes enfants, je me souviens avoir consulté un médecin car je croyais faire une dépression.  Il ne m'avait pas prise au sérieux et c'est dommage car si j'avais été soignée à ce moment-là, mon état n'aurait pas dégénéré par la suite; j'en suis certaine.  Suite à ce rendez-vous, j'ai senti tellement de honte que j'ai attendu de ne plus être capable de me lever pour consulter à nouveau.  Ce n'est pas la chose à faire mais les médecins ne nous prennent pas au sérieux facilement.  Il faut que notre état soit grave pour qu'ils réagissent.

Mes émotions n'étaient pas stables.  Je passais du rire à la colère rapidement.  Je l'ai su plus tard mais il paraît qu'il y avait des caissières avec qui je travaillais, qui avaient peur de moi car je me fâchais rapidement. Je devais être imprévisible.  Ça m'a fait quelque chose lorsque je l'ai appris car je ne m'en rendais vraiment pas compte.  Je savais que j'avais du caractère mais c'était normal pour moi;  je ne me croyais pas différente pour ça.  Et puis chez-nous, on a tous du caractère; j'étais habituée à ça.  Par contre, dans mon cas, c'était peut-être un peu plus que ça.

Les idées embrouillées sont arrivées plus tard, après ma séparation.  Je n'avais plus les idées claires.  Mais je ne prenais pas le temps d'aller consulter un psychologue; mon horaire était déjà chargé avec les enfants, le travail, les études. Je ne prenais pas le temps de m'occuper de moi mais j'aurais dû.

Alors, du plus loin que je me souvienne, j'avais des symptômes de maladie mentale dès le début de la vingtaine.  Mais la naissance de mes enfants les a amoindris.  C'est vrai, lorsque mes enfants sont nés, je me sentais mieux.  Mais lorsque je retournais au travail et que mon horaire était surchargé, ça n'allait plus.  Par contre, j'étais capable de fonctionner.  En fait, j'ai résisté longtemps.  Ça a pris des années avant que je me fasse soigner.  Comme je vous l'ai déjà dit, j'ai attendu de tomber complètement avant de le faire.  Tant que j'ai été capable de mettre un pied devant l'autre, j'ai continué.

Un autre problème qui existait déjà dans la jeune vingtaine était mon problème d'alcool.  Je buvais jusqu'à m'endormir.  Bien sûr, tant que j'étais avec le père de mes enfants, je ne buvais que la fin de semaine.  Mais je ne savais pas me contrôler.  Il me disait de temps en temps que j'avais un problème d'alcool mais je ne voulais rien entendre.  Je buvais seulement pour m'amuser.  Mais ça allait trop loin; je perdais la carte complètement à chaque fois.


Tout ça mis ensemble pouvait laisser présager que j'aurais, un jour, une maladie mentale.  Mais tant qu'on se tient debout, on se dit que ça va passer.  Dans plusieurs cas ça passe; il y a des gens qui ont des symptômes et qui fonctionnent bien toute leur vie.  Mais ça n'a malheureusement pas été mon cas.

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