Les pleurs du bébé

À l'hôpital, cette fois, ce fut lourd.  Je n'avais aucune envie d'être là.  Heureusement, j'avais une chambre à moi toute seule, ce qui était bien.  On avait un endroit pour fumer, ce qui rendait la chose moins difficile. Mais la clientèle était plus difficile.  Quoique très diversifiée, il y avait des cas lourds, et je n'avais pas la force de parler avec ces personnes.  J'entendais un bébé pleurer sans cesse et ça me hérissait les poils.  Ça me fatiguait aussi beaucoup.

Au début, je restais couchée dans mon lit.  J'avais une pile de livres sur ma table de nuit et je lisais.  J'écrivais aussi dans mon journal intime et ça me faisait du bien.  J'avais des idées suicidaires et j'étais très surveillée.  J'allais prendre ma douche et ils venaient voir au moins trois fois si j'étais toujours vivante.  Je détestais ça, mais je comprenais leur inquiétude.

À cet endroit, il y avait une salle à manger.  On ne pouvait pas manger dans notre chambre.  C'était bien, car ça me forçait à parler aux autres.  Le médecin me le recommandait fortement.  J'ai fini par trouver des gens intéressants à qui parler.  J'était souvent dans ma chambre ou sur la terrasse, car j'y étais bien.  Mais de prendre contact avec les autres m'a aidé aussi.  Ça me sortait de ma tête où tout n'y était pas rose, loin de là.

Je ne m'en rendais pas compte mais j'étais en psychose.  Le bébé que j'entendais pleurer, j'étais certaine qu'il avait brûlé dans un incendie.  Je faisais mes recherches sur internet et j'ai même demandé à un autre patient, qui pouvait sortir, d'aller voir dans le cimetière s'il y avait un bébé mort cette année-là.  Il ne m'en a pas reparlé.  Je n'ai pas osé lui demander.  Je me rendais compte que j'allais loin, mais en même temps j'étais certaine de mon affaire.

Je n'en pouvais plus d'entendre ce bébé pleurer.  Je l'entendais toujours, peu importe où j'allais.  J'étais incapable de parler à quelqu'un sans l'entendre.  J'avais le goût de me frapper la tête sur le mur tellement que c'était envahissant et agressant.  Je ne sais pas quelle était la raison de cette hallucination, mais c'était la pire que j'aie vécu.  Ça me prenait des pilules extrêmement fortes pour que je réussisse à dormir.  Mais dormir me faisait beaucoup de bien.

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