Les hallucinations

C'est pendant ce mois que j'ai passé à l'hôpital, que je me suis aperçue que j'avais des hallucinations sonores.  Je m'en suis aperçue car ce que j'entendais était un chariot dans le corridor, comme si les repas arrivaient. Je suis sortie de ma chambre pour voir si c'était bien ça. Il n'y avait rien.  Mais j'entendais toujours le chariot rouler.  Ensuite, j'ai porté attention et je me suis rendue compte qu'il y avait plein de bruits que j'entendais mais lorsque j'essayais d'appuyer ce que j'entendais par la vue, il n'y avait rien.  Ce n'était pas tout le temps comme ça bien évidemment car j'entendais les choses réelles aussi, mais ça arrivait souvent. Ça m'a étonnée. Ça m'a fait peur au début mais je m'y suis rapidement habituée.  Je venais à savoir quand c'était des hallucinations.  Ce qui les empirait,  c'est que je les écoutais. Je donnais de l'importance à ça.  C'est là que je me suis rendue compte que la sonnette chez moi, ce n'était pas réel.  J'avais peur de quelque chose qui n'existait pas.

Maintenant je n'en ai plus, grâce à mes médicaments et grâce au fait que j'ai fini par comprendre qu'il ne fallait pas donner de l'importance à ça.  Plus je me concentrais là-dessus,  pire c'était.  Lorsque j'ai arrêté de les écouter, elles ont fini par disparaître.  Mais je sais que tout le monde n'a pas cette chance là.  Il y en a que ça ne disparaît jamais, malgré les médicaments, mais moi c'est comme ça que ça s'est passé.  Mais ça a pris des années.

Alors, à l'hôpital, ils étudiaient mon cas, essayaient des médicaments, changeaient les médicaments quand ça n'allait pas.  Le diagnostic tardait à venir.  J'avais hâte de comprendre ce qui m'arrivait.  Pourquoi ça m'arrivait et c'était quoi au juste.  Mettre des mots sur tous ces symptômes.

Finalement j'ai eu mon diagnostic: trouble de la personnalité limite.  Enfin, je mettais des mots sur ce que je vivais; ça avait un nom.  Je me suis acheté un livre et je l'ai lu, pour essayer de comprendre. Alors, j'essayais d'appliquer les recommandations du médecin  Il m'a inscrite à une thérapie au Centre de Réadaptation en Dépendance de Québec.  Je n'en étais pas très heureuse.  Ça faisait plusieurs semaines que je ne buvais pas, car j'étais à l'hôpital, et je ne m'en portais pas plus mal.  En fait, ce qui n'allait pas, selon moi, c'était tout autre.  J'avais des problèmes bien réels qui n'avaient pas de liens avec l'alcool.  Ce que j'ai compris beaucoup plus tard, et que j'aurais aimé qu'on me dise à cette période, c'est qu'il est difficile de soigner quelqu'un qui consomme car l'alcool nuit au traitement.  Le diagnostic est aussi plus difficile à faire.  Mais ils ne m'ont pas dit ça, ils m'ont dit que je devais arrêter de boire; c'est tout, sans explications.  Alors, je m'y suis soumise et je l'ai fait.


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